domingo, 31 de octubre de 2010

fever ray


Fever Ray, 2009


sábado, 30 de octubre de 2010

White whale

Moby Dick, John Huston, 1956, Gregory Peck.

jueves, 28 de octubre de 2010

A night at Birdland




A Night at Birdland, Art Blakey, Feb 1954.

miércoles, 27 de octubre de 2010

landscapes in Soria.



taken with a Mamiya DSX1000
August 2010.

martes, 26 de octubre de 2010

domingo, 24 de octubre de 2010

la superficie des océans est engloutie


Cartes marines

Voici vingt ans, les pêcheurs hauturiers devaient présenter à réquisition un lot complet de cartes marines et leurs instruments de navigation en bon état de marche. Question d’ assurance, de sécurité comme on dit maintenant, je ne sais si cette obligation tient toujours. Elle doit être désormais assortie de tracasseries multiples, le parasitisme administratif ayant crû comme peste au soleil.

Un jour de ces temps-là, ces outils parurent en trop bon état aux yeux de l’ inspecteur. Les cartes vierges, blanches, neuves, étaient rangées superbement, sans aucun pli, dans une grande armoire à tiroirs peinte, et dont la clé, qu’ on eut d’ abord du mal à trouver, forçait un peu par trop de rouille. Toute la technique obligée disparaissait sous la peinture. Cela faisait un peu présentation. Le bord entier avait fourbi, entretenu, les caprices de la loi, un peu comme on repasse l’ étendard, pour le faire voir: pavillon haut. Le drapeau, bien sûr, ne sert qu’ à cela.

Vous ne vous servez jamais de ces choses, s’ exclama, bourru, l’ homme du contrôle. L’ homme de mer perdit sa fausse contenance, il se mit à branler, d’ une jambe sur l’ autre, hésitant. Le premier se mit à sourire, il avait envie de savoir, il promit de ne pas punir. Allons, comment faites-vous pour trouver Mourmansk ou Terre-Neuve, aux deux saisons de la morue ? Il fallut du temps, il fallut s’ asseoir, déboucher quelque vieille bouteille, arranger les verres, parler d’ abord longuement des enfants, les vaisseaux de haut bord ne se rendent pas tout de suite. Il faut toujours parlementer avant de se mettre à parler. Voyons, comment y allez-vous ?

Il faut imaginer une campagne sans poteaux indicateurs. Quel paysan se tromperait pour aller visiter la ferme d’ à côté? Il tourne à gauche à la fin du buisson vert, il va tout droit jusqu’ au noyer, il descend le long du mur de pierres, et là, il voit, au fond de la combe, le toit rouge du voisin disparaître un peu sous les cèdres. Ces questions ne se posent pas. On apprend les réponses en même temps qu’ on apprend à marcher, à parler, ou à voir.

C'est ainsi qu’ on allait à Saint-Pierre: on va vers le soleil couchant tant que telle petite algue flotte, on le met sur sa gauche, un peu, quand tout devient très bleu, vous ne pouvez pas vous tromper, il y a les parages préférés des marsouins, il y a ceux où un fort courant constant porte au nord, ceux où le vent dominant souffle bas, en petites rafales, ceux où la houle est toujours courte, il y a le grand carré gris, puis l’ endroit où on coupe la route des grands bahuts quand on les a vus, le premier grand banc est là, sous le vent.

Le capitaine devenait intarissable, il aurait tout dit, jusqu’ à la nuit close. Et ce qu’ il disait là, qu’ il voyait depuis son adolescence, qu’ il observait se transformer à mesure qu’ il y passait, qu’ il n’ avait vraiment appris de la bouche de personne, puisque ses deux patrons successifs ne mâchaient pas un mot de la sainte journée, mais montraient de la main, parfois, au moment de virer ou de changer d’ allure, tout ce qu’ il étalait d’ un coup, devant la table et sur la nappe de dentelle tachée de rhum, cette superficie de la mer moirée, cette surface composite aussi différenciée que nos vieilles campagnes, par carré de luzerne, petits bosquets, mouillères, rangs de vigne sous poiriers, tout ce qu’ il décrivait de détails décisifs, couleurs, poissons, vent, ciel, battement de houle, oui, tout cela était exactement une encyclopédie, une encyclopédie engloutie, comme la grande cathédrale. J’ ai vu ce jour mourir un savoir. J’ ai ouï mourir l’ empirisme. J’ écoute maintenant sa rumeur monter des eaux.

Là où l’ ancien savant ne percevait que du monotone, le patron voyait évidemment un corps strié, nué, tigré, chiné, zébré, exactement différencié, une surface où les régions locales étaient repérables, où le point, à chaque instant et sous le brouillard même, était déjà fait, le patron percevait la campagne et ses détails fluents dans le temps, là où l’ ancien savant ne percevait que de l’ instable, le patron voyait un espace qui ne changeait que peu.

Je me suis demandé ce jour pourquoi un savoir inspectait l’ autre, contrôlait l’ autre, avait pouvoir de le sanctionner, de le faire obéir. J’ ai entendu ce jour le plus vieux dialogue de la philosophie moderne, celui de la raison et des sens, quel que soit le nom qu’ on leur donne, mais la raison y arraisonnait le plus vieux savoir du monde et le coulait bas. C’ était le jour des derniers aveux, c'est-à-dire le temps de l’ ethnologie des vaincus. On n’ en fera plus qu’ un roman à la mode ou une science humaine à succès dans les villes universitaires.

On m’ avait appris dès ma prime enfance que la science peut rendre l’ invisible visible. Et de fait, la carte marine fait ressortir les profondeurs, elle indique à distance le rocher caché sous le brouillard. Les instruments visités par le contrôleur font mieux encore, ils annoncent la côte, ils dessinent le fond de la mer, à la rigueur ils font le point automatiquement. Nous nous inclinons tous devant de telles performances, mais il faut s’ incliner, de plus, devant l’ inspecteur. Pourquoi ? Pourquoi la raison seule ne suffit-elle pas, pourquoi la raison choisit-elle la force pour imposer raison ? Pourquoi, surtout, rend-elle, en retour, le visible invisible. Ce corps moiré, stable et changeant comme une prairie d’ alpage au printemps, cet espace reconnaissable et mélangé, ont disparu. Oui, la superficie des océans est engloutie.

J’ ai appris dès ma prime enfance que les sens trompent. On n’ a pas dit les sens de qui. La vue de l’ inspecteur sur les hautesprairies où paissent les frégates est nulle, la vision de la raison sur la surface de la mer est toute monotone, non la perception du patron. Les sens trompent rarement quand ils sont exercés, la raison se trompe souvent quand elle n'a pas suivi d’ entraînement. Ces principes sont pareils de part et d’ autre, et ils sont plats.

Les sens ne trompent pas. Le palais d’ un fin goûteur est plus précis que mille machines, la machine la plus fine est biologique, tel organe de tel insecte ou serpent perçoit des mélanges à l’ échelle moléculaire. On ne juge jamais scientifiquement l’ empirisme, et si on se mettait à juger empiriquement du rationalisme? La mise en doute pratiquée par Descartes ne fut pas seulement un exercice d’ écolier ni une ascèse solitaire. Ce fut un immense mouvement d’ histoire et la force s’ en mêla. Le visible s’ en alla, s’ évanouit dans l’ invisible. On méprisa les qualités, la qualité. Un autre invisible vint vers nos yeux. Nul ne vit plus le moiré de la mer, tout le monde chercha le lointain, le profond et les rendit sensibles. On peut dire qu’ on effaça l’ immédiat. Et le patron à la morue n’ eut rien à dire.

Ainsi, les fabricants de cartes purent dire qu’ ils avaient découvert l’ Amérique, ils purent le faire croire et en prendre la gloire, alors que cent pêcheurs, suivant les chemins tracés du moiré, y avaient été sans le clamer haut dans l’ histoire. Le triomphe du verbe écrit fut catastrophe perceptive. L’ âge de la science refit des iconoclastes au niveau des sens, on détruisit de fond en comble un savoir raffiné au voisinage du perçu. Nous n’ en conservons que des ruines, vestiges, fossiles.

Nous sommes assez raffinés aujourd’ hui du côté des raisons et des sciences pour comprendre enfin à quel point de finesse et de raffinement savant peuvent atteindre les sens. Après des siècles de cartes simples, celles de l’ inspecteur, après des siècles de cartes violentes qui effacent la perception différentielle du patron pour lui substituer un papier blanc semé de chiffres sporadiques, levons la carte immédiate de ceux qu’ on a nommés les pratiques des lieux, levons la scénographie superficielle des mers.

Levons le dessin nué, tigré, chiné, zébré, damassé, mélangé, si fortement différencié qu’ il fera voir le voisinage même du voir. Je n’ avais jamais vu la mer, avant la nuit de La Rochelle, où, après des heures passées à écouter le vieux morutier, nous avons laissé le carré enfumé, en désordre, et la nappe de dentelle toute constellée de cendres, de taches, d’ éclaboussures.

Michel Serres

Bernstein and Mahler conducting





sábado, 23 de octubre de 2010

Mosaico de los peces de Tarragona



Mosaico de los peces, Museo Nacional Arqueológico de Tarragona, principios sIII d.C.

jueves, 21 de octubre de 2010

Jean Cocteau sur Erik Satie





"Egoïste, cruel, maniaque, il n’écoutait rien de ce qui ne relevait pas de son dogme et il se mettait dans d’affreuses colères contre ce qui l’en dérangeait. Egoïste, parce qu’il ne pensait qu’à sa musique. Cruel, parce qu’il défendait sa musique. Maniaque, parce qu’il polissait sa musique. Et sa musique était tendre. Il l’était donc à sa façon. (...)

Il se nettoyait à la pierre ponce. Jamais il n’employait l’eau. À l’époque où la musique se répandait en effluves, reconnaissant le génie de Debussy, craignant son despotisme (ils camaradèrent et se querellèrent jusqu’à la fin), il tourna le dos à son école et devint, à la Schola Cantorum, le drôle de Socrate que nous connûmes. Il s’y ponça, s’y contra, s’y lima, et se forgea le petit orifice par où sa force exquise n’avait plus qu’à couler de source."

La Difficulté d'être, Jean Cocteau

miércoles, 20 de octubre de 2010

Sailing



From the Carey I,
taken with a Mamiya DSX1000
August 2010

lunes, 18 de octubre de 2010

Kazuo Ohno



Kazuo Ohno (October 27, 1906 – June 1, 2010)




The Spirit Was Gone is a video in Memoriam of Zahuo Ohno, directed by Peter Sempel.
From the new Antony and the Johnsons 2010 release Swan Lights (a must have).

domingo, 17 de octubre de 2010

Omm Kalthoum




Omm Kalthoum, Star of the East, the Voice of Egypt


sábado, 16 de octubre de 2010

Chameleons and Mozart

Henri Cartier-Bresson, Truman Capote, 1947


Three green chameleons race one another across the terrace; one pauses at Madame's feet, flicking its forked tongue, and she comments: "Chameleons. Such exceptional creatures. The way they change color. Red. Yellow. Lime. Pink. Lavender. And did you know they are very fond of music?" She regards me with her fine black eyes. "You don't believe me?"

During the course of the afternoon she had told me many curious things. How at night her garden was filled with mammoth night-flying moths. That her chaffeur, a dignified figure who had driven me to her house in a dark green Mercedes, was a wife-poisoner who had escaped from Devil's Island. And she had desribed a village high in the northern mountains that is entirely inhabited by albinos. "Little pink-eyed people white as chalk. Occasionally one sees a few on the streets of Fort de France."

"Yes, of course I believe you."

She tilts her silver head. "No, you don't. But I shall prove it."

So saying, she drifts into her cool Caribbean salon, a shadowy room with gradually turning ceiling fans, and poses herself at a well-tuned piano. I am still sitting on the terrace, but I can observe her, this chic, elderly woman, the product of varied bloods. She begins to perform a Mozart sonata.

Eventually the chameleons accumulated: a dozen, a dozen more, most of them green, some scarlet, lavender. They skittered across the terrace and scampered into the salon, a sensitive, absorbed audience for the music played. And then not played, for suddenly my hostess stood and stamped her foot, and the chameleons scattered like sparks from an exploding star.

Now she regards me. "Et maintenant? C'est vrai?"

"Indeed. But it seems so strange."

She smiles. :"Alors. The whole island floats in strangeness. This very house is haunted. Many ghosts dwell here. And not in darkness. Some appear in the bright light of noon, saucy as you please. Impertinent."


Music for Chameleons, Truman Capote, 1980

Blue Rose







A "must have" recording...

viernes, 15 de octubre de 2010

Toshiko Takaezu

Toshiko Takaezu is "Living Treasure" since 1987






An Interview with Toshiko Takaezu

Cosas del futuro inmediato

“J’ai long-temps habité sous de vastes portiques”

Charles Baudelaire, La Vie Antérieure.

El Rey Gradlon de Cornualles navegaba perdido por las oscuras y gélidas aguas del norte cuando se derrumbó hechizado ante la deslumbrante belleza de la bruja Malgven, soberana de las tierras hiperbóreas. Ella le dio una hija, la hermosa Dahut, pero poco después de dar a luz cayó enferma y murió. El rey, desconsolado por la pérdida de su amada, se encerró en su castillo para no salir nunca más.

Al cabo de unos años, la caprichosa princesa Dahut se había convertido una malévola bruja de hipnótico atractivo, y le pidió a su padre iniciar la construcción de una ciudad sin igual, la ciudad más hermosa que jamás contemplarían los hombres. El rey reclamó cientos de arquitectos, canteros, ebanistas y herreros para construir la ciudad de Ker-Ys, en el interior del océano. Las cúpulas y cubiertas de la deslumbrante ciudadela flotante emergían de las aguas, protegidas por un hercúleo muro de bronce perimetral. En el centro, una esbelta y magnífica catedral cuyas brillantes campanas eran escuchadas a decenas de millas de distancia. El órgano resonaba como si las trompetas y truenos celestiales descendiesen sobre las aguas y los cánticos de los monjes reconfortaban los corazones de los habitantes. Era la más bella ciudad de todos los tiempos, la fortaleza flotante de Ker-Ys.

Un noche tormentosa, un apuesto caballero vestido de púrpura y montado sobre un negro corcel llamó a las puertas de la fortificación. La princesa Dahut se apresuró a abrirle con intención de cortejarlo, como tenía la maléfica costumbre de hacer con marineros extraviados y visitantes. No sabía ella que estaba intentando seducir a la Muerte y al levantar los pesados cerrojos del portón, una ola gigantesca engulló la ciudad entera sumergiéndola en las negras y plutónicas profundidades oceánicas. Tan sólo el rey Gradlon pudo escapar, montado en un caballo de mar y ayudado por San Guénolé. Todos los demás se extinguieron, ahogados en la oscuridad.

Aún ahora, en las costas bretonas, durantes las noches tormentosas, las corrientes marinas agitan las aguas soplando los tubos del órgano de la sumergida catedral de Ker-Ys, que emerge entre las nieblas de nuevo, emitiendo profundos y misteriosos acordes. Si se presta atención, se pueden oír las voces de los fantasmales coros de los monjes asfixiados, cuyos cánticos entonan gélidas y demoníacas melodías y que culminan en el espantoso tañido de las rotas y húmedas campanas de la lúgubre ciudad engullida. El espectral silencio marino ahora tristemente roto por estos escalofriantes y olvidados ecos recuerda amargamente lo que fue una vez la más bella ciudad jamás contemplada siempre a la espera de resurgir de nuevo de las profundidades y elevar a la superficie fantásticos terrores jamás antes sentidos.

- Solemos olvidarnos de la importancia del imaginario arquitectónico de la historia. Cegados por exigencias que, normalmente, se nos escapan de las manos, sacrificamos sin dudar ese mundo ilusorio que nos fascinó y nos sedujo en su tiempo. Habría que rebajar unos grados las ansias motoras del vertiginoso mundo global para acordarnos que muchas veces son las ciudades imaginarias las que inspiraron a poetas, pintores, compositores y arquitectos de antaño y que son esas ciudades las que han sobrevivido intactas al cruel paso del tiempo. -

(La Catedral engullida…)

para la última publicación de la revista diagonal

The beginning



"La musique moderne s'éveille à L'Après-midi d'un faune"
Pierre Boulez