jueves, 21 de octubre de 2010

Jean Cocteau sur Erik Satie





"Egoïste, cruel, maniaque, il n’écoutait rien de ce qui ne relevait pas de son dogme et il se mettait dans d’affreuses colères contre ce qui l’en dérangeait. Egoïste, parce qu’il ne pensait qu’à sa musique. Cruel, parce qu’il défendait sa musique. Maniaque, parce qu’il polissait sa musique. Et sa musique était tendre. Il l’était donc à sa façon. (...)

Il se nettoyait à la pierre ponce. Jamais il n’employait l’eau. À l’époque où la musique se répandait en effluves, reconnaissant le génie de Debussy, craignant son despotisme (ils camaradèrent et se querellèrent jusqu’à la fin), il tourna le dos à son école et devint, à la Schola Cantorum, le drôle de Socrate que nous connûmes. Il s’y ponça, s’y contra, s’y lima, et se forgea le petit orifice par où sa force exquise n’avait plus qu’à couler de source."

La Difficulté d'être, Jean Cocteau

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